Dans notre société, la notion de dépendance affective est souvent associée à des stéréotypes de genre, avec l’idée que les femmes sont plus enclines à développer ce type de comportement que les hommes. La réalité est bien plus nuancée. La dépendance affective ne discrimine pas en fonction du genre. Hommes et femmes peuvent être tout autant touchés par ce trouble complexe qui impacte les relations humaines au niveau personnel et/ou professionnel. Les schémas comportementaux liés à la dépendance affective sont variés et peuvent inclure la recherche constante de validation, le besoin incessant de l’approbation de l’autre, la peur panique de l’abandon, et la tendance à négliger ses propres besoins pour satisfaire ceux de l’autre. Ces schémas peuvent avoir des répercussions profondes sur l’harmonie des relations et sur la santé mentale. Ils touchent la confiance en soi et l‘estime de soi et laissent en éveil permanent, les blessures de l’enfance. C’est un sujet qui concerne tout le monde, et en voici les raisons :
L’impact des premiers liens affectifs
Le type d’attachement développé avec le parent nourricier dans l’enfance peut influencer la propension à la dépendance affective plus tard dans la vie. Par exemple, un petit garçon qui a connu un attachement insécure avec sa maman peut développer des modèles relationnels anxieux qui persistent à l’âge adulte, tout comme une petite fille dans la même situation. Un garçon qui a grandi avec un père autoritaire et critique peut développer un attachement anxieux, cherchant constamment l’approbation et la validation des autres, similaire à une fille qui aurait vécu la même situation avec son parent.
Les besoins émotionnels
Les besoins émotionnels sont universels, et tout le monde qu’il soit homme ou femme, jeune ou plus âgé, ressent le besoin d’amour, de sécurité et de connexion. Par exemple, un homme célibataire peut ressentir un vide émotionnel tout comme une femme dans la même situation. Un homme marié peut aussi ressentir un vide émotionnel même s’il est entouré, tout comme une femme peut se sentir seule alors qu’elle est en couple et entourée. Ces situations manifestent alors un besoin constant d’attention et de validation. Ni l’un ni l’autre n’a acquis l’autonomie affective.
L’influence socioculturelle sur l’expression émotionnelle
Les hommes peuvent encore faire face à des pressions les obligeant à être stoïques et ne pas montrer leurs émotions. Un homme peut hésiter à demander de l’aide pour sa dépendance affective de peur d’être perçu comme faible ou incapable de gérer ses propres émotions. Un homme peut hésiter à exprimer ses émotions par peur d’être jugé par ses amis ou sa famille, tandis qu’une femme peut ressentir une pression similaire pour maintenir une image de force et de contrôle. Préservons-nous de certains clichés qui nous pousseraient à catégoriser les comportements et façons d’être. Homme ou Femme, nous sommes tous des êtres humains dotés d’émotions, de besoins et de manques. Pour faire face à une problématique, il est important de pouvoir la reconnaitre et s’autoriser à l’exprimer.
Evolution des relations et des rôles de genre
Même avec des changements sociétaux et certaines mentalités qui évoluent, les hommes et les femmes peuvent toujours se sentir obligés de maintenir des relations romantiques à tout prix. Un homme peut rester dans une relation malsaine par peur d’être seul, tout comme une femme pourrait le faire pensant que sans l’autre elle ne pourrait pas s’en sortir. Un homme peut être conditionné à croire qu’il doit être le pourvoyeur principal dans une relation, sacrifiant ses propres besoins émotionnels pour répondre aux attentes traditionnelles du rôle masculin, tout comme une femme se sentir obligée de mettre de côté ses rêves et besoins personnels, pour subvenir aux besoins émotionnels de son partenaire.
Les influences familiales sur le développement émotionnel
Les expériences familiales peuvent façonner la façon dont les hommes expriment leurs émotions. Par exemple, un homme qui a grandi dans un environnement où les émotions étaient réprimées peut avoir du mal à reconnaitre et à traiter sa dépendance affective. S’il a grandi dans un environnement familial chaotique, il peut avoir du mal à établir des limites saines dans ses relations, tout comme une femme dans la même situation. Cela peut se traduire par une tendance à tolérer des comportements nocifs pour éviter les conflits et éviter de poser des limites pour éloigner les risques de rupture qui font si peur à un dépendant affectif.
Même si les hommes sont de plus en plus ouverts à l’expression émotionnelle, la retenue est encore de mise à cause du regard de l’autre. Un homme peut avoir du mal à trouver des ressources adaptées pour gérer sa dépendance affective en raison du cliché qui sous-entendrait que ce trouble concerne surtout la femme et que l’homme se doit d’être émotionnellement fort. Le pire serait pour un homme comme pour une femme, de se sentir isolé dans sa lutte contre la dépendance affective par le fait d’idées reçues. D’ailleurs, en tout premier lieu, qu’est-ce que la dépendance affective ? L’idée basique qui laisserait penser que la dépendance affective se résume à s’attacher amoureusement à son ou sa partenaire de vie, est fortement réductrice. Les schémas de la dépendance affective sont bien plus complexes que ce simple cliché. J’accompagne de plus en plus d’hommes dans le cadre de la dépendance affective dont les conséquences peuvent avoir des effets dans leur vie personnelle (sentimentale, familiale ou amicale) ou dans le cadre professionnel, limitant leurs compétences et capacités. Il est essentiel de reconnaitre que chacun, quel que soit son genre ou son âge, peut être sujet à ce trouble. C’est en encourageant une ouverture émotionnelle et en brisant les stéréotypes de genre que nous pouvons véritablement progresser vers des relations plus authentiques, respectueuses, saines et épanouissantes pour tous.
©Geneviève Krebs