La première réaction à un événement qui nous effraie, ou à une émotion négative est de vouloir prendre la fuite.
Notre peur diminue lorsque nous nous sentons en sécurité et satisfait. A ce moment, nous n’avons plus envie de fuir et notre tension émotionnelle baisse. Si ce réflexe a sauvé bien des humains dans nombre de situations, il n’est pas permis dans le cadre de l’entreprise. Imaginez-vous fuir d’une réunion en claquant la porte ? Cela arrive mais la suite est encore plus difficile à gérer que d’avoir à affronter l’objet déclencheur de notre fuite.
Comprendre la fuite, … le besoin de fuir
Parfois, la peur se déclenche sans qu’il y ait un réel danger. Seule notre interprétation des choses a eu cet effet. Si la fuite est de l’ordre du réflexe – comme si nous n’avions aucune maitrise sur elle, comme si la volonté d’agir malgré nous se présente sans sommation – il est bon de prendre une fraction de seconde pour réfléchir.
Prenons quelques exemples :
- Je suis en réunion. Je suis mis en difficulté. Je me sens accablé. J’ai peur. J’ai envie de me lever et sortir de la pièce ;
- Je suis dans l’avion. Nous traversons une zone de turbulences. Je ressens de l’angoisse. J’ai de mauvaises pensées qui me font peur. Je ressens des sensations physiques désagréables. J’ai envie d’appeler à l’aide et surtout besoin de rentrer chez moi ;
- Mon supérieur hiérarchique me ridiculise devant une assemblée. Je me sens trahi, humilié et en colère. J’ai envie de faire ou dire quelque chose pour me venger de lui.
Lorsqu’une émotion est activée, se présente alors en réponse, une réaction. L’humain est ainsi fait : lorsqu’il ressent une émotion négative, il veut agir pour ressentir le bien-être. Ce principe naturel se présente à chaque fois que vous êtes en contact avec la peur, la colère, l’angoisse, la honte, la culpabilité, la tristesse, la déception, et toutes les émotions qui génèrent en nous un malaise.
Agir pour sortir d’une situation
Après cette tendance à vouloir passer à l’action, étape générée par le stimuli externe qui a provoqué l’émotion, la personne passe à l’action : soit elle met en action l’objet de son désir d’agir, soit elle décide une autre solution (se calmer, prendre mentalement du recul ou traverser son émotion en vainquant par exemple sa peur).
Le problème se présente lorsque nous choisissons de fuir et que ce choix nous bloque dans notre avancée et performance. Il arrive aussi que nous laissons ce choix automatique prendre le dessus sur toutes les situations qui nous mettent mal à l’aise et qu’un schéma « émotion-fuite » devienne notre fonctionnement normal.
Quand fuir bloque l’avancée et la performance
Les personnes qui se retrouvent dans ce cas, trouvent milles excuses ensuite pour justifier de leur réaction : « je suis comme ça, c’est tout ! », « mieux vaut que je parte plutôt que je m’énerve », « c’est plus fort que moi », etc.
Pour parvenir à sortir de ce schéma, il est important de comprendre que ce n’est pas tant l’événement, la situation que nous fuyons, mais l’émotion qu’elle a déclenchée et qui est sur le moment insupportable, insurmontable.
Inconsciemment, la personne retient que c’est un schéma qui fonctionne très bien pour faire redescendre la pression et revenir à une situation plus sécurisante. Elle le répète à chaque fois qu’une émotion négative forte se présente. Il est ensuite difficile de changer cette addiction comportementale.
Le problème d’un tel comportement en entreprise, c’est qu’il a un impact sur les objectifs qui à force de fuites, ne sont pas atteints, et la qualité des relations se détériore au fur et à mesure des expériences. Par ailleurs, si notre attention se porte de préférence vers les émotions à éviter et les situations à éviter, nous perdons notre énergie et ne sommes pas tournés vers ce qui nous est demandé de viser comme résultats et ambiance.
A méditer…
© Geneviève Krebs, coach pour la performance individuelle et collective. Psychopraticien et auteur d’ouvrages parus chez Eyrolles et Afnor.
En complément de cet article, vous pouvez lire “Dépendance affective : six étapes pour se prendre en main et agir” et “Dépendance affective au travail” tous deux chez Eyrolles.